Cartes Michelin.

Neuf décennies d’évolutions dans et autour des Bardenas.

Personne ne s’en rend vraiment compte, les changements sont souvent lents, ils surviennent par petites touches, on s’y habitue très vite puis on oublie tout ce qu’il en était avant cela.
Ce constat est principalement valable pour les anciens, ceux qui ont connu la région des Bardenas il y a déjà plusieurs décennies.
Prenons une date, 1930. Cette année peut paraître bien lointaine, c’est un autre temps, une époque aujourd’hui révolue, et pourtant si vous étiez un bardenero né cette année là vous pourriez aujourd’hui témoigner, du haut de vos 87 ans, de bien des changements dans la région.

Pour mieux en juger il vous est proposé ici trois comparatifs fort intéressants extraits de cartes Michelin datant de 1930, 1960 et 2015. Nous pouvons y observer les Bardenas ainsi que leurs périphéries navarraise et aragonaise.

Premier constat, les zones de végétations sont signalées de manière très hasardeuse sur la carte de 1930, le tracé des cours d’eau et des barrancos manque aussi de précision.

Ce qui saute ensuite aux yeux c’est évolution des voies de communication :
En 1930 les Bardenas sont totalement dépourvues de pistes carrossables.
Toujours en 1930, la route NA125/A125 (Tudela / Ejea) n’existe pas encore, il n’y a qu’une courte portion qui longe la Plana de la Bandera et qui se poursuit sous forme de sentier de mulet jusqu’à Ejea. Cette voie de communication peu commode n’est guère mieux praticable en 1960, alors qu’aujourd’hui elle constitue un axe routier très fréquenté dans la liaison Navarre / Aragon.
En regardant plus au nord nous constatons que les jonctions Mélida / Carcastillo / Sadaba sont absentes en 1930, encore une fois passer de la Navarre à l’Aragon était à l’époque fort peu aisé.
Même constat au sud, nous voyons qu’en 1930 Fustiñana n’est pas relié à Tauste.
Différence notable entre la troisième carte et les deux premières, la création de l’autoroute AP68-E804 facilite maintenant la communication vers Saragosse, la capitale aragonaise. On notera aussi la N232 transformée en voie rapide (A68).
Les militaires sont absents des Bardenas en 1930, mais trente ans plus tard l’armée américaine a déjà créé une caserne dans la Bardena Blanca ainsi qu’une piste de terre y menant depuis Arguedas, la carte de 1960 n’en fait cependant aucunement mention.

Vous l’aurez certainement constaté par vous-même, l’évolution la plus notable concerne la partie aragonaise, dans la comarque des Cinco Villas, à l’est des Bardenas.
En 1930, le vaste espace situé entre la frontière Navarre/Aragon et l’axe Sadaba/Ejea/Tauste est tout autant désert que le sont les Bardenas. Ici, à cette époque, la nature règne en maître absolu, cette terre n’étant nullement exploitée par l’homme.
Sur la carte datant de 1960 nous constatons que des villages apparaissent et de nouvelles routes commencent à être tracées.
Aujourd’hui ces villages font bien partie du paysage local, ils sont ce que l’on nomme des villages de colonisation agricole (voir "Flash infos 2009" en bas de page). Plus au nord, côté Navarre, un autre village est lui aussi né des travaux d’expansion agricole, il s’agit de Rada.

Il convient aussi de mentionner l’apparition de quelques canaux d’irrigation, le plus important pour nous étant celui nommé "Acequia de las Cinco Villas" et qui justifia à lui seul la création des villages de colonisation agricole.

Pour finir, peut-être avez-vous remarqué la voie de chemin de fer venant du sud et passant par Tauste, Ejéa et ayant pour terminus Sadaba ? et bien aujourd’hui elle n’existe plus, et depuis déjà bien longtemps...